Quels seraient les gains d’une zone ECA en Méditerranée (ECAMED) ?
En 2020, la réduction mondiale de la norme de soufre pour les carburants marins passera de 3,5(*) à 0,5 % ce qui sera un progrès pour la qualité de l’air et pour la santé humaine. (*) les ferries utilisent un carburant à 1,5% de soufre actuellement.
“La zone ECA, en réglementant à la fois les émissions d’oxydes d’azote et de soufre, apportera des bénéfices supplémentaires […] grâce à des effets significatifs sur certains polluants comme le dioxyde d’azote et les particules fines, ainsi que de réels bénéfices pour la santé des populations du bassin méditerranéen :
Un gain sanitaire monétarisé de 8,1 à 14 milliards d’euros par an pour toute la Méditerranée, avec des bénéfices doublés par rapport à 2020.
Près de 1 730 morts prématurées évitées chaque année pour l’ensemble du bassin Méditerranéen”.
Source : Ministère de la Transition écologique et solidaire
Les stratégies combinées de réduction des émissions d’ECAMED
Le Ministère a sollicité l’INERIS, le CITEPA, le CEREMA et Plan Bleu pour mener à bien l’étude de faisabilité technique de la mise en œuvre d’une zone de réduction des émissions des navires (ECA – Emissions Control Area) en Méditerranée, dite ECAMED, sous la coordination de l’INERIS.
L’étude a été présentée le 18 janvier 2019 à Marseille.
Les stratégies de réduction des émissions d’ECAMED combinent deux types d’actions :
- SECA : réduction de la teneur en soufre dans les carburants utilisés de 0,5 % à 0,1 % afin de diminuer les émissions de SOx ; réduction des particules : un carburant raffiné à 0,1% en émet moins.
- NECA 50 ou 100 : réduction des émissions de dioxyde d’azote (NOx) en équipant 50 % ou 100% de moteurs avec la technologie SCR (Selective Catalytic Reduction) ou d’autres techniques.
Source : Ministère de la Transition écologique et solidaire
Agir de la zone ECA jusqu’au quai
Les 300 participants à la Journée Méditerranéenne de l’air – les ports organisée par AtmoSud et Qualitair Corse en 2017, ont largement débattu des avantages d’une zone ECA et des autres solutions pouvant être mises en œuvre (électrification des quais, scrubber, éco-navigation). Lire les témoignages dans les Actes de cette Journée.
De l’avis d’AtmoSud et des acteurs concernés par les activités maritimes et portuaires, les solutions doivent être mises en œuvre par tous à l’échelle d’une zone maritime, d’une ville ou d’un quartier. Avec une priorité, améliorer la qualité de l’air des riverains des quais ».
Selon les études d’AtmoSud, la réduction des émissions de SO2 en mer Méditerranée aura un impact sur les concentrations de particules à terre.
Le carburant brulé par les navires produit notamment des sulfates particulaires. D’après l’étude de la composition chimique des PM10 à Marseille, Nice et Port-de-Bouc, ces sulfates représentent entre 10% à 15% des particules PM10 sur le littoral.
Source « Etude de la composition chimique des PM10 à Marseille, Nice et Port-de-Bouc, AtmoSud 2017 ».
Mais il faut agir également sur la phase à quai des navires :
L’étude APICE* (2010-2013) menée par AtmoSud dans cinq villes-ports méditerranéennes aboutit à la même conclusion. Parmi ses résultats, elle constate que le stationnement à quai est la phase la plus pénalisante pour la qualité de l’air en ville. A cause de la proximité du port et des habitations.
(*) APICE : Common Mediterranean strategy and local practical Actions for the mitigation of Port, Industries and Cities Emissions
Face aux enjeux locaux, AtmoSud déploie un arsenal de moyens d’expertise
Afin de répondre aux enjeux pour la qualité de l’air, AtmoSud a défini un programme de surveillance des Ports, en concertation avec les acteurs, sur la période 2018-2021. Le but est de poser un diagnostic précis pour les populations les plus concernées et d’apporter les éléments d’aide à la décision aux acteurs pour renforcer leurs actions (état des lieux – leviers d’action).
Ce programme de surveillance est réalisé avec le soutien avec la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et en collaboration avec l’ensemble des acteurs portuaires et des associatifs locaux. Il se déploie sur trois villes portuaires de la région : Marseille, Nice et Toulon avec une phase importante de mesures, d’identification des sources d’émission et de modélisation. En savoir plus
Qu’y a-t-il dans les fumées des navires ?
Le rapport bibliographique établi par AtmoSud, a identifié des études qui renseignent, entre autres, sur la constitution chimique des particules présentes dans les fumées : Carbone organique (OC), carbone élémentaire (EC), sodium (Na), calcium (Ca), vanadium (V), nickel (Ni), fer (Fe), sulfates (SO42--). Certains de ces composés ont un impact sur la santé.
Les particules de diamètre inférieur à 0,3 μm dominent les émissions du transport maritime (Source : Healy et al., 2009 ; Petzold et al., 2008).
Les particules de diamètre inférieur à 0,25 μm, corrélées au NO et NO2, sont émises lors de la manœuvre et de la phase à quai. Lors de la manœuvre, il est constaté une émission supplémentaire de particules entre 0.25 µm et 1 µm (Source : Merico et al., 2016).
AtmoSud mesure les sulfates particulaires et cherche à identifier les sources maritimes
AtmoSud a installé un outil de pointe – ACSM (Aerosol Chemical Speciation Monitor) – dans sa station Marseille Longchamp. Il identifie en temps réel la composition chimique des particules d’un diamètre inférieur au micron (PM1). Parmi celles-ci, figure le sulfate SO42- , qui provient d’émissions locales de combustion de fuel lourd (associées à l’activité industrielle et portuaire), mais aussi de transfert de pollution plus lointaine. Ces sulfates représentent une fraction importante des PM1, notamment durant l’été, avec environ 25% de contribution. AtmoSud poursuit ses investigations pour identifier les sources d’émissions de ces composés chimiques.
L’Etat des lieux sur les concentrations dioxyde d’azote et de particules dans les quartiers portuaires de Marseille, Nice et Toulon
· A Marseille : la restructuration des terminaux internationaux du Grand Port Maritime de Marseille au Cap Janet et à la Joliette permettra une réduction des niveaux de pollution en dioxyde d’azote (NO2) et particules fines (PM10). La situation dans les quartiers environnants du Cap Janet ne devrait pas être significativement modifiée avec des niveaux de pollution équivalents à ceux d’aujourd’hui. Tandis que celle dans les environs des bassins de la Joliette devrait s’améliorer avec une réduction de l’exposition des populations. En savoir plus
Marseille Mourepiane, est un quartier situé sous la double influence du secteur portuaire (vent de Sud-Ouest) et de l’autoroute A55 (vent de Nord-Est). Les valeurs de polluants sont comparables à celles des stations urbaines proches. Des analyses complémentaires sont en cours.
· A Nice : les mesures réalisées dans le quartier du Port sont fortement influencées par les émissions portuaires (vent de Sud-Est) en particulier pour les polluants particulaires (PM10, nombre de particules et Black Carbon). Des niveaux ponctuels et intenses ont été relevés au bord des quais. Les valeurs de polluants sont comparables à celles des stations urbaines proches. Des analyses complémentaires sont en cours.
· A Toulon : la phase de mesures sera mise en œuvre au printemps 2019.
Source : https://www.atmosud.org/article/de-la-mediterranee-au-quai-du-port-agir-pour-la-qualite-de-lair
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