La Métropole Toulon Provence Méditerranée est propriétaire des trois ports de commerce de la rade de Toulon. Depuis trente ans leurs propriétaires successifs semblent embarrassés de détenir une telle richesse. La CCI gestionnaire dicte le plus souvent sa loi en profitant des différents politiques qui ressortent régulièrement entre les Maires de Toulon et de La Seyne. Il m’a paru utile d’étudier de près le cas du port de Brégaillon.

Je ne suis pas opposé au développement d’activités dans le territoire de la Métropole mais je vois trop bien dans le domaine portuaire une politique de grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.  Les ports de Toulon n’ont ni la dimension ni les facilités de liaison du port de Marseille.

Toulon bénéficie toujours d’une forte présence de la Marine confirmée avec le positionnement des FREM et des nouveaux SNA, la Grande Plaisance créatrice d’emplois a pris une place  importante depuis plusieurs années, la croisière est retombée à un niveau bas en raison du manque d’attractivité de la ville beaucoup plus que du terrorisme ( moins 7% à Marseille) comme le prétend la Métropole TPM mais tout n’est pas perdu. Toulon est le port numéro un pour les passagers sur les liaisons Continent- Corse mais ce trafic important élargi à 3 autres destinations continue à croitre en générant toujours plus de nuisances. Le trafic de Brégaillon est actuellement un trafic acquis en pratiquant des prix attrayants par rapport à ceux de Marseille (autoroute de la mer avec la Turquie)  ou un trafic d’opportunité sans grand avenir ( genre chantier de Monaco) . TPM   lance les travaux de remise en état de la voie ferrée gare de La Seyne port de Brégaillon ( 8 millions) et veut développer le ferroutage avec les Turcs en annonçant deux trains par semaine ce qui est soit ridicule soit un mensonge à destination des riverains.

En 2009, c’est une certitude le président de TPM  destinait ce port à recevoir le trafic ferries. Je ne m’étendrai pas sur les raisons de l’abandon de ce projet. En 2017 il refait surface sous forme d’études qui ont un coût mais qui sont indispensables quel que soit l’avenir de ce petit port; des accords préalables en particulier de la Marine Nationale et de la ville de La Seyne ont été obtenus. Voir les 3 premières PJ.  Les intentions des propriétaires et des gestionnaires des ports de TPM ne sont que rarement affichées et leurs projets pouvant être déconnectés ( on l’a vu) des réalités environnementales et économiques il y a lieu de regarder de près les possibilités de développement de Brégaillon en tenant compte des infrastructures, de la géographie, de la politique de l’Etat, de la situation du réseau ferré en PACA et de ce que les riverains peuvent accepter.

Voici quelques textes de référence sur la politique de l’Etat de 2017 et 2O18.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/politiques/ports-maritimes
http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2017/11/discours_de_m._edouard_philippe_premier_ministre_-_assises_de_leconomie_de_la_mer_le_havre_-_mardi_21_novembre_2017.pdf
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/autoroutes-mer
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/autoroutes-ferroviaires  

Voici un résumé de ces documents.
Le document sur les ports maritimes: Voir les paras: les soutiens financiers……
Aménagement des espaces……
Renforcer le report modal……
La transition énergétique des ports…….
Electricité à quai…
GNL….

Le discours du Premier Ministre au Havre confirmé à Dunkerque est fondateur pour le quinquennat. Je ne résume que ce qui concerne les ports:

I -Il faut une stratégie:

1 – Regroupement par systèmes, l’axe de Seine jusqu’à Paris, système méditerranéen centré sur Marseille et  jusqu’à Lyon, Dunkerque avec Calais en mer du nord.
2 – Recherche de compétitivité, en simplifiant, attirant, fidélisant, innovant, digitalisant.
3 – Amélioration des liaisons avec l’intérieur (fluviales, ferroviaires.
4 – L’Etat aidera.

A noter que le gouvernement affiche son souci d’équilibre entre préservation de l’environnement et intérêts économiques; dit autrement il n’imposera pas unilatéralement des mesures qui feraient fuir chez nos concurrents les clients de nos ports.

II – Environnement:
–  Le discours est centré sur le GNL , l’Etat stimulera et aidera. Il fera de même pour l’électricité à quai.
–   ” Nous demanderons et nous obtiendrons le classement par l’OMI de la Méditerranée en zone de basse émissions de polluants”    Mise à jour;  La demande à la commission européenne est toujours en gestation, le dossier scientifique a été présenté le 18 janvier 2019 à Marseille.

Le texte sur les autoroutes de la mer est intéressant à connaitre pour réfléchir au sujet qui nous concerne: L’Europe est très favorable à leur développement. Le concept est fondé sur l’objectif européen de parvenir à un système propre sur et efficace ( si les RORO tournent avec du fioul à 3.5% de soufre ceci parait difficile). Des financements sont possibles par le MIE = Mécanisme pour l’interconnexion en Europe. La ligne Brégaillon Turquie n’en bénéficie pas.

Noter la mention d’un  projet de soutien à l’établissement d’autoroutes de la mer entre des ports du sud-est de la Méditerranée ( à Chypre, au Liban, en Egypte, en Turquie) et du nord-ouest (en Italie, en Espagne et en France avec les ports de Marseille, de Toulon et Sete) via un hub basé en Sardaigne a été présenté pour labellisation par l’union européenne.

En résumé l’Europe et l’Etat Français sont favorables aux autoroutes de la mer et aux autoroutes ferroviaires mais cela ne doit pas écarter  les arguments contre l’usage intensif de Brégaillon au détriment de Marseille.

MISE A JOUR : Le CIREM 2018 ne fait que confirmer.

Lors de la création du port de Brégaillon on avait construit une voie ferrée reliant la gare de triage de La Seyne au port. Elle était utilisée principalement pour l’embarquement de la bauxite mais a été abandonnée en 2009. Son tracé est visible sur Google (voir PJ 4 et 5;. Les travaux de  remise en service de cette voie seraient commencés. Je me suis documenté sur le ferroutage actuel et ses perspectives. Il faut déjà bien comprendre que dans ce domaine aussi nous ne sommes pas des champions. Le lien “les autoroutes ferroviaires” peut vous éclairer. Les liaisons régulières sont rares: Chambéry/ Turin ouverte en 2003 et Perpignan/Luxembourg ouverte en 2007 avec une extension vers Calais en 2016. MISE A JOUR: Une liaison Marseille et Le Havre avec Genève entre en service.Si le GPM Marseille Fos est relié ce n’est pas dans des conditions satisfaisantes. Au port de Marseille ville le terminal de Mourepiane est  un terminal conteneurs plus que remorques , il n’est pas assez vaste pour prendre de l’importance et son réseau ferré est vétuste. De gros travaux sont nécessaires. La situation est nettement plus favorable à Fos.

Les trains modernes de ferroutage composés par exemple de wagons de construction française LOHR sont longs de 750 ou 850 mètres. On annonce des trains de 1000 mètres. Les trains sont sectionnés en entrant dans un terminal ou l’ont été avant. Les wagons longs de 33 mètres sont équipés de plateformes surbaissées pivotantes de 30 degrés pour permettre des embarquements et débarquements rapides. Il faut donc à Brégaillon deux voies de 500 mètres et de l’espace pour les manœuvres de tracteurs sans parler des stationnements d’attente qui restent indispensables un navire RORO de 223 mètres embarquant 300 remorques. Selon mes estimations un train de 850 mètres transporte 48 semi-remorques ou remorques pour un poids total de 2400 tonnes.

Il faut 6  trains pour remplir un RORO de cette taille.

http://www.varmatin.com/vie-locale/video-a-bregaillon-le-ro-ro-jumboise-est-arrive-126634

La jonction gare port pourrait-elle supporter de tels trains, les courbes et pentes sont-elles adaptées, comment aménager le croisement avec la quatre voies ” Avenue de la 1ere Armée Rhin Danube” et un autre grand axe mais aussi comment faire accepter à des riverains très proches de la voie les passages jour et nuit.

On peut imaginer un système de navettes entre la gare de triage de la Seyne et les quais avec moins de wagons mais dans ce cas les coupures des axes routiers seraient plus fréquentes.

Par ailleurs ayant eu l’occasion d’évoquer le problème récurent de la vétusté du réseau ferré de PACA et de la saturation du noeud de Marseille et du tronçon Marseille Toulon je me suis documenté plus sérieusement. Voici 3 documents qui donnent une idée très précise de l’ampleur des améliorations à apporter. Les coûts sont énormes et les délais tout aussi impressionnants.

http://madeinmarseille.net/18940-ligne-nouvelle-lgv-paca/
https://www.lignenouvelle-provencecotedazur.fr/files/telechargements/medias/documents/sf-atelier_2-presentation.pdf
http://www.marseille-port.fr/fr/Accueil/

Voici un extrait concernant les délais des travaux selon leurs priorités:

P1- Traitement des noeuds ferroviaires marseillais et azuréens: avant 2030.

P2 – Amélioration des tronçons Aubagne/Toulon et  EST Var/ Signe entre 2030 et 2050. La construction de la nouvelle ligne ne commencerait si tout va bien qu’en 2030.

P3- Aménagement extérieurs, traiter les sections Toulon/EST Var et Nice/Italie.

Mes conclusions :

La ligne Aubagne/ Marseille et la traversée de l’agglomération marseillaise sont saturées . Nos Élus nous le disent eux mêmes lorsqu’il faut expliquer le manque de liaisons TER. Est- il acceptable de faire des travaux  pour le raccordement de Brégaillon afin d’y ajouter des trains lourds et lents?  L’investissement,dans cette affaire par la CCI ,trois Collectivités et le soutien de l’Europe ne correspond à aucune urgence économique . Peut-on augmenter régulièrement le trafic de cette autoroute de la mer sous sa forme actuelle? Je ne le pense pas. Il y a des choix à faire. Mon point de vue n’a pas changé après cette étude. L’avenir est à la réalisation le plus tôt possible de trois ou quatre quais supplémentaires pour ferries  à Brégaillon pour un côut estimé à plus de 100 millions par la Métropole ( en mettant en sommeil l’inutile projet de quai “croisière”), à une nouvelle amélioration dans le même temps de la liaison autoroute/port de Brégaillon et à la délocalisation du trafic ferry à Brégaillon . Si une cohabitation avec l’autoroute de la mer peut perdurer un certain temps pourquoi pas, sinon il faudra se passer de cette activité qui n’apporte rien  aux habitants de la Métropole.

Je n’ai pas cherché à faire une synthèse mais au contraire à donner à ceux qui veulent retravailler le sujet un fond de documentation. Les nuisances dues aux ferries au cœur de Toulon devenant insupportables, nous Toulonnais, ne pouvons pas faire abstraction de ce qui se passe et se passera à Brégaillon. Je serai heureux de recevoir par écrit des commentaires ou des conclusions différentes.  Certains estime que mes suggestions visent à faire un cadeau empoisonné à nos voisins de La Seyne. Il faut nuancer ces propos. La population dans un rayon de 800 mètres des quais est probablement 8 à 9 fois moins importante à la Seyne. Elle est en totalité dans le secteur ouest du port donc le plus souvent au vent du port.  Les travaux importants à prévoir intégreraient les prises électriques sur tous les quais. A la mise en service une zone ECA couvrira probablement au minimum les eaux territoriales. Enfin il est visible qu’à Toulon  c’est le cœur de la Métropole TPM  qui est considérablement handicapé par un important trafic de ferries et les dizaines de milliers de véhicules induits  alors que Brégaillon est à la périphérie de la ville de la Seyne.

Jean Charbonnier

 

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