Par Alexandra Segond, le 2/9/2019 à 11h40

Explication

À l’occasion du G7, la question des transports maritimes et de leur empreinte écologique a été abordée.

À l’heure où le fret maritime pourrait quadrupler d’ici à 2050, certains acteurs du secteur réfléchissent à des solutions pour réduire leur impact sur l’environnement

Les transports maritimes français s’engagent pour réduire leur impact environnemental

À l’occasion du G7, qui s’est tenu fin août, Emmanuel Macron a déclaré son intention de s’engager « avec les transporteurs maritimes, pour réduire la vitesse » et « réduire les émissions de CO2 ». Etienne Laurent/EFE/MaxPPP

Le fret maritime devrait quadrupler d’ici à 2050. Une perspective qui pousse, les acteurs du secteur à trouver des solutions pour allier rentabilité et écologie.

Alors que le transport maritime représente plus de 2 % des émissions de CO2 et 3 % des gaz à effets de serre, de plus en plus de solutions sont proposées pour réduire son impact environnemental. À l’occasion du G7, qui s’est tenu du 24 au 26 août, Emmanuel Macron a ainsi déclaré son intention de s’engager « avec les transporteurs maritimes, pour réduire la vitesse » et « réduire les émissions de CO2 ».

Ralentir les bateaux

Loin d’être une idée simpliste, ralentir les bateaux fait partie des mesures préconisées par l’organisation professionnelle Armateurs de France, qui appelle à la réduction immédiate de la vitesse des navires de « vrac », pétroliers et cargos. Elle rejoint ainsi la proposition similaire soumise par Paris aux 172 autres pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) en avril 2018, qui exclut les ferrys passagers et les porte-conteneurs, dont la vitesse a déjà été réduite après la crise de 2008.

Les navires de vrac, qui représentent 15 % de la flotte mondiale en termes de tonnage, consomment du fioul, un carburant lourd et très polluant. Abaisser de 15 à 12 nœuds leur vitesse permettrait de réduire de 40 % les émissions de CO2. Ce qui va dans le sens des objectifs de l’OMI, qui s’est précisément fixé cet objectif d’ici à 2030 par rapport à 2008.

Optimiser les trajets

« Réduire la vitesse est une solution simple, rapide et économique. Si on ne propose pas les choses, on finira de toute façon par nous les imposer. La France se doit de donner l’exemple », s’exclame Philippe Louis-Dreyfus, ancien président d’Armateurs de France. D’autant que rien ne sert de courir si, à l’arrivée, les ports sont tant congestionnés qu’ils contraignent les bateaux à patienter jusqu’à plusieurs semaines en mer, tous moteurs allumés.

Revoir son trajet et anticiper le trafic maritime permet d’optimiser la consommation de son carburant, comme l’explique la start-up marseillaise SeaRoutes, qui a lancé début juillet un éco-calculateur d’émissions de carbone. « Optimiser un trajet, ce n’est pas seulement s’occuper de la partie maritime, c’est éviter aussi la congestion des ports, conseiller les bateaux sur la vitesse à adopter, sur les dates et horaires de départ, pour mieux anticiper le trajet dans sa globalité », souligne Pierre Garreau, son cofondateur.

Développer le GNL

Parmi les autres solutions avancées par les acteurs du secteur, la question du carburant occupe une grande place. Alors que les navires consomment habituellement du fioul, certains armateurs, à l’image de la CMA-CGM, explorent l’option du gaz naturel liquéfié (GNL) comme combustible alternatif. Le poids lourd mondial du porte-conteneurs a annoncé prendre livraison de 20 navires propulsés au GNL d’ici à 2022 pour rejoindre sa flotte de plus de 500 bateaux.

« Contrairement au dispositif de nettoyage des cheminées (« scrubber ») qui filtre mais n’élimine pas le soufre, le GNL permet de ramener ce type d’émission à presque zéro, de même que les particules fines. Il réduit aussi les émissions de CO2 d’environ 20-25 % », explique Jean-Marc Roué, le président de la compagnie Brittany Ferries qui a choisi de privilégier ce type de carburants pour trois de ses navires passagers.

« Verdir » le carburant

S’il est déjà disponible pour les navires, le GNL reste encore assez marginal. En plus de requérir un moteur spécifique, il n’est pas disponible dans tous les ports français. « Il faut que les pouvoirs publics engagent une politique volontariste pour permettre un véritable travail d’équipe », poursuit Jean-Marc Roué. « La France a pris la tête des questions environnementales au G7. Il faut maintenant que ça devienne une politique vertueuse européenne et mondiale. » Jean-Marc Roué imagine qu’à terme on puisse développer un GNL « vert », c’est-à-dire capable de recycler le carbone et de se passer des énergies fossiles, dont est aujourd’hui issu 95 % du GNL.

De son côté, la CMA-CGM a annoncé en mars 2019 tester sur l’un de ses porte-conteneurs un biocarburant qu’il a développé. Issu d’huiles de cuisson et de résidus forestiers, il permet « de réduire notre empreinte carbone ainsi que les émissions d’oxyde de soufre, sans nécessiter de modification du moteur du navire ».

 

Source : https://www.la-croix.com/Economie/transports-maritimes-francais-sengagent-reduire-leur-impact-environnemental-2019-09-02-1201044684?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=welcome_media&utm_content=2019-09-02