Monsieur le Maire,

Le Collectif ” Port de Toulon Halte aux nuisances” veut faire respirer un air sain à nos concitoyens et veille à ce que leur santé ne soit pas mise en danger par les pollutions de cet air qui est un bien commun et que nous respirons tous.

Son objectif n’est pas de polémiquer avec vous, au contraire, il souhaite (et aimerait que la réciproque soit vraie, …) que nous puissions trouver une manière commune et solidaire , pour lutter ensemble  contre les nuisances maritimes à Toulon et sur les ports méditerranéens.

Vous parlez d’agir de façon collective , mais vous oubliez les habitants de Toulon.

L’action collective ne se limite pas aux institutions, elle commence et finit avec les citoyens.

Vous nous oubliez bien souvent, et vous ne pouvez “faire un travail quotidien dans l’ombre” efficace sans associer la population qui ne demande qu’à participer de façon constructive car c’est elle qui vit les problèmes et en connait mieux que quiconque les incidences.

C’est pourquoi nous vous trouvons bien optimiste dans votre communiqué de presse.

Optimisme qui aurait été justifié si la zone littoral française de Méditerranée avait été classées ECA, en attendant des accords internationaux sur la Méditerranée entière.

Or il n’en est rien !…

Sur le port de Toulon les problèmes restent et resteront très perturbants, même après électrification, chaudières de mouillage toujours en service.

Nous partageons vos espoirs dans les orientations de la réunion de Région en présence de la Ministre de l’environnement et du Transport.

Pour nous, la prise de conscience et le financement de la lutte contre la pollution maritime par la Ministre et la Région Sud sont une progression globale, bien sûr, mais n’apporteront pas de résolution définitive aux spécificités de Toulon.

Ces spécificités c’est à vous et à TPM de les comprendre et de les prendre en charge.

A Toulon, en dépit de l’électrification qui minimisera certains impacts négatifs, les problèmes essentiels vont demeurer :

– des ferries toujours en centre ville qui polluent la ville et les alentours du port, qui créent des encombrements routiers et de la pollution de gaz d’échappement par les 600 000 véhicules à l’embarquement et débarquement tous les ans. Le port marchand en centre-ville est une aberration écologique et urbanistique alors qu’une alternative simple, crédible et peu coûteuse existe sur la métropole.

une pollution au SO2 et autres gaz nocifs non mesurée (report par TPM de la campagne de mesure d’AtmoSud prévue cet été à l’an prochain… Pourquoi pas à la Saint Glin Glin (l’an pèbre, comme disent les provençaux) ?

AtmoSud (très décevant par son inaction varoise) n’a toujours pas mesuré le problème de la pollution maritime ce qui permet à vos amis politiques de TPM de continuer à le nier, en tout cas à le minimiser.

– des ferries toujours au 1,5% de soufre dans les carburants en attendant de passer à la réglementation à 0,5% au premier janvier.

Ce qui est loin de notre demande d’amélioration essentielle, qui est, je vous le rappelle,  du 0,1 % à partir des 5 miles nautiques avant l’entrée du chenal.

0,1% que le maire de Cannes essaie d’obtenir pour les escales de croisière dans sa baie.

Pourquoi ne demandez vous pas à Corsica Ferries de faire  naviguer tous ses navires dans la rade au 0,1% de soufre dès maintenant, en attendant 2025 avec la conversion de certains de leurs navires à un mélange GNL+ Méthanol ?

– un chiffre statistique contestable donné par TPM de 85% du temps d’émission des fumées à l’arrêt : comment ce chiffre  prend il en compte les escales courtes de moins de 2 heures, qui ont considérablement augmenté cet été avec la multiplication des liaisons, l’ajout de liaisons en remplacement de Nice  et la création de nouvelles destinations en Méditerranée. ( Baléares, Elbe, …) ? Ce chiffre qui mesure à quai, omet le fait que les ferrys polluent bien plus lors des manœuvres d’arrivée et départ que lorsqu’ils sont à quai.

– l’électrification ne résoud pas les fumées dégagées en phase de manoeuvre. Dans la situation actuelle et réglementaire ce que les observateurs remarquent le plus c’est le dégagement de fumées à l’appareillage (qui se fait avec du fioul lourd maintenu à 120°C et qui dégaze allègrement dans l’air pendant toute l’escale !) après une escale de plus de deux heures.

On note aussi que, si pour tous les chenalages et manœuvres , quelles que soient la durée des escales, les moteurs tournaient au gazole marin ces manifestations seraient très réduites. C’est ce que nous demandons.

– Ce ne sont pas les aménagements (même si c’est une amélioration) des deux Roro Turcs (qui viennent à Bregaillon deux fois par semaine et qui pourraient très bien aller à Fos – ce serait quand même une logique d’aménagement du territoire !) qui vont améliorer la situation de la Rade de Toulon. Tant que Corsica Ferries, principal bénéficiaire de la localisation à Toulon et principal pollueur, ne sera pas contraint, la situation de la rade de Toulon ne s’améliorera pas.

Non, nous ne partageons pas votre enthousiasme, nous continuons à penser que la compréhension de la situation par les autorités à Toulon, reste constante et durablement mauvaise. TPM fait des concessions sur l’accessoire pour ne rien céder sur l’essentiel : l’aberrante implantation en cœur de ville

L’électrification qui commence ses travaux bien tardivement, va fixer pour un long moment les ferries en centre ville et ne règlera pas les problèmes des escales courtes sur des plages horaires accrues ni ceux des encombrements routiers avec la pollution additionnelle des véhicules.

Pour Toulon, pas de salut pour la santé des habitants et la tranquilité des riverains du port tant que :

Les ferries ne seront pas sortis du centre ville pour Bregaillon où tous les aménagements (électrification notamment) sont et seront possibles y compris l’approvisionnement en GNL (qui est l’avenir, vous le dites vous même). C’est un site durable ce que n’est pas le centre ville.

– En attendant Bregaillon, les ferries ne seront électrifiés qu’en escales longues, et (sauf accord comme à Nice – dont vous vous gardez bien de parler…) ne fonctionneront pas au 0,1% de soufre dans leurs approches à 5 miles nautiques du chenal, ne feront pas leurs manœuvres, très polluantes, en milieu de rade plutôt que sous les fenêtres des immeubles et continueront à “crâcher” lors de leur stationnement pour les escales courtes, de plus en plus nombreuses …

Et nous ne sommes pas sûr, en rajoutant, le projet de grand quai de croisière le long des terrains de l’ancien arsenal du Mourillon, que les mesures prises par TPM vont dans le bon sens…

Et l’absence, malgré des demandes répétées, d’acceptation de représentants de la population au comité de pilotage du plan d’aménagement et d’urbanisation montre bien la volonté de TPM de faire avancer le projet de façon dissimulée et sans concertation…

Non, décidément, nous ne partageons pas votre optimisme !

Surtout,  il nous parait dangereux de donner à penser à tous nos concitoyens que tout est résolu alors que tout reste à faire.

Nous resterons exigeants, actifs, et nous ferons savoir sans concession chaque fois que la nécessité se fera sentir.

Le Collectif Port de Toulon, Halte aux nuisances !