Par: Isabelle Luccioni Publié le: 13 octobre 2019 à 15:36 Dans: Société

L’urgence d’agir pour la qualité de l’air dans l’espace méditerranéen semble désormais faire l’unanimité. Reste à définir les moyens d’y parvenir et à quel rythme. Photo EMILIE RAGUZ

 

Élus, représentants de Qualitair et d’Atmosud, chercheurs, membres des associations se sont retrouvés hier au palais des congrès d’Ajaccio pour chercher des solutions communes et arrêter la pollution en Méditerranée

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Sur le diagnostic, tout le monde est désormais d’accord : la Méditerranée suffoque sous les panaches de fumée noire de centaines de navires propulsés au fioul lourd. Les modélisations présentées sur écran sont aussi effrayantes qu’un film d’horreur. Sauf qu’il ne s’agit pas d’une fiction. Tous les ports du pourtour méditerranéen sont affectés.

En Corse, en raison du trafic venu du Continent et de celui arrivant d’Italie, c’est l’ensemble de l’île qui est touchée.

Oxyde de soufre, oxyde d’azote, particules fines (voire ultrafines) se répandent au gré des vents dominants et stagnent sur les zones habitées, avec des conséquences sur la santé qui pour l’heure ne sont pas vraiment mesurées si ce n’est, comme l’ont rappelé plusieurs participants “une hausse des insuffisances respiratoire, des cancers et des allergies, notamment de l’asthme dans les populations riveraines”. Un mieux devrait intervenir dès l’an prochain puisqu’à partir du 1er janvier 2020, l’OMI va imposer qu’aucun carburant de navire ne contienne plus de 0, 5% de soufre.

Un mieux qui a été souligné notamment par le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, lequel remarque cependant que “pendant ce temps des navires fonctionnent déjà à l’électricité en Norvège et en Chine”. Pour sa part, Jean Biancucci, au nom du conseil exécutif de la CdC, a rappelé que l’Assemblée de Corse avait voté à l’unanimité pour que soit appliquée une réglementation similaire à celle du Nord de l’Europe et à l’Amérique du Nord (USA et Canada)

Travailler de concert

Et s’il est un point sur lequel tous les participants ont été en accord, c’est bien de travailler tous ensemble.

Le président d’Atmosud, Pierre-Charles Maria a rappelé à quel point les démarches similaires mais effectuées en ordre dispersé par les élus de Nice et de Marseille ou de la Corse avaient été préjudiciables. Il a aussi plaidé pour ne pas s’en tenir à ce qui est d’ores et déjà acté.

“L’Etat en demandant une zone ECA (emission control area) pour l’ensemble de la Méditerranée ralentit la course. Des mesures ont été prises sur la façade nord-ouest de l’Atlantique. On aurait pu les prendre pour la zone nord-ouest de la Méditerranée ou la zone Pelagos”, note-t-il. La situation insulaire de la Corse rend la problématique particulière. D’autant que l’île n’est pas interconnectée au niveau électrique et qu’à Ajaccio, la centrale du Vazzio fonctionne avec le même carburant que les plus polluants des navires.

La solution semble être une connexion à des groupes électrogènes fonctionnant au gaz en attendant 2023 et le démarrage des deux centrales de Corse avec ce carburant…