La rubrique « témoignages de la pollution maritime de l’air », s’adresse à tous ceux qui souffrent, ont souffert ou ont été témoins de ce type de pollution.

Les témoignages ne se limitent pas uniquement aux résidents du port de Toulon et de sa périphérie mais concernent l’ensemble des côtes varoises ainsi que toutes celles de la métropole et département d’Outre-Mer.

Amis internautes, n’hésitez pas à témoigner de ce que vous vivez.

Témoignage

Bonjour à tous et  à toutes,

J’en profite pour répondre à ce mail  (CIL sur les encombrements et pollution générés par les voitures se rendant sur les quais d’embarquement) en disant que selon l’heure à laquelle on rentre sur le Mourillon, c’est la panique au rond point du stade mayol.

Les véhicules arrivant de l’avenue des pompires bloquent le rond point.

Ne peut-on pas demander au Maire, une intervention exceptionnelle de la police, aux heures des départs et des retours des ferries pour fluidifier la circulation et éviter les blocages.

Je suis restée un soir presque trois quarts d’heure et un autre une demi heure bloquée voiture à voiture..

Témoignage d’André BERTRAND

J’habite au 98 avenue de la République, c’est-à dire la première travée d’immeuble passée la Préfecture Maritime.
Comme d’habitude, je ne peux généralement pas ouvrir mes fenêtres pour aérer le matin car la pollution olfactive des émanations des Corsica Ferries pue rapidement dans la chambre.

Certainement le bien être voire la vie (car ces fumées sont probablement cancéreuses) de ses concitoyens pèsent moins pour monsieur FALCO que quelques cafetiers qui ont visiblement les oreilles les plus attentives de la Mairie …
C’est une vieille histoire à Toulon mais on constate ainsi que les pratiques ne changent pas.

Quant à l’avenue de la République, le couloir de droite en allant vers Mayol est régulièrement embouteillé par les véhicules étrangers au département. La situation empire à hauteur de la trémie : la file de droite pour aller vers l’avenue Infanterie de Marine est bloquée : 10 minutes environ à certaines heures, pour faire les quelques mètres (sic) de l’entrée de la trémie au début de l’avenue : Merci monsieur le Maire !

(Effectivement) Les nuisances sonores ont repris mais je les entend surtout des navires de croisière : l’autre jour les riverains du Port ont eu droit gratuitement à un cours de gym, en anglais.
Pratique lorsqu’on travaille ! Je lisais un article scientifique (en anglais aussi) et ce fut une vraie partie de plaisir : Merci monsieur le Maire !

Si les conseillers économiques intégraient enfin dans leurs calculs de rentabilité, les externalités de l’activité portuaire c’est à dire les nuisances aux riverains et autres effets externes, ils aboutiraient à un résultat largement négatif. Autrement dit, externalités comprises, donc aux coûts réels, l’activité portuaire telle qu’elle est agencée aujourd’hui, coûte largement plus à Toulon qu’elle lui rapporte.
Mais la pseudo science économique n’est en réalité que de l’économie politique et nos comptables savent opportunément occulter de leurs calculs ce qui dérange (et ce qui est complexe à calculer) pour aboutir aux résultats que des politiques à courte vue (sans externalité) prescrivent.
Je signale que les externalités s’enseignent traditionnellement en troisième année d’économie et que sans leur intégration les calculs économiques sont faux.
Autrement dit, on appauvrit Toulon en pensant trop hâtivement l’enrichir.

C’est désespérant de stupidité lorsqu’on sait les possibilités qu’offre la Rade.

Je pense par ailleurs qu’il serait utile de publier ça sur Colair.

Bien sincèrement,

André BERTRAND

Témoignage de Patrick Borg, CAPauNord

Bonjour à tous,

Quelques petites précisions,

Comme tu dis Daniel, les résidus de filtrage (filtrats) des scrubbers ouverts partent directement à la mer…pas cool pour les poissons, et au final pour les humains. Pour les scrubbers fermés, fonctionnant en boucle fermée donc, bien qu’au départ l’idée est de récupérer les filtrats et les traiter, il se passe très exactement la même chose, parce qu’il n’existe pas de station de dépollution, ou bien tout simplement on ne veut pas s’embêter, quitte à prendre la mer pour une poubelle. Je suis par contre très intéressé par de la doc sur le système de filtrage par bicarbonate de soude.

Pour ce qui est de la Méridionale, on est obligé de reconnaitre que cet armateur a fait des efforts. Il semblerait que Corsica Linéa suive le mouvement.

Concernant la globalité du pb au GPMM, nous sommes encore très loin du compte…les navires polluant le plus sont bien les navires de croisière, consommant chacun à quai entre 6 et 10 MWh, pour alimenter les clims en été, les chauffages en hiver, les patinoires, piscines à vagues, cinémas et je ne sais plus trop quoi encore. Je rappelle quand même à ce propos que nous sommes en urgence climatique.

Il faut savoir que ces navires de croisière sont équipés d’origine de système de branchement à quai, mais c’est une autre histoire…

Avec les ferries et les navires de croisières, nous avons aussi des cargos en tous genres…donc au final, et pour l’instant, on a deux quais équipés de branchement électriques, sur 130 pouvant potentiellement accueillir un navire.

“Notre route est droite, mais la pente est forte” comme dirait l’autre.

Patrick BORG (CAPauNord, association de défense de l’environnement en milieu portuaire à Marseille)

Témoignage de Daniel Moatti, président de l’Anqaev

Bonsoir à toutes et à tous,

Cette remarque (du collectif “Port de Toulon Halte aux Nuisances !”) tombe à point.

A vrai dire, j’aimerai vraiment que La Méridionale accepte de venir à Nice et d’investir comme elle le fait dans le développement durable à Marseille et à Ajaccio. Il faut savoir reconnaître un effort constant et peut-être mal payé en retour. Ce mardi 12 mars, j’étais reçu par les responsables de La Méridionale qui équipaient leur navire Le Piana, de filtres à particules (voir image jointe).

L’expérience menée à Ajaccio d’un générateur électrique alimenté au GNL est intéressante pour la Métropole Nice Côte d’Azur parce qu’en bout du réseau ERDF/Enedis, le département des Alpes Maritimes est en danger de coupures d’électricité.

Les trois ferries de La Méridionale sont équipés de branchements électriques facilitant la jonction avec l’électricité à quai à Marseille. Les dessins des pales d’hélices et des safrans ont été engagés. Les hélices grâce à la pose d’Energo Profin” permettent d’avancer plus harmonieusement sur mer, donc de consommer moins. Il existe aussi des systèmes intelligents de gestion des consommations, ainsi qu’un traitement des eaux de ballast évitant le transport d’espèces invasives.

Le mardi 12 mars, j’ai assisté à la pose d’un des trois filtres à particules prévus sur le Piana. Le filtre à particules n’est pas un scrubber. Le scrubber est basé sur la diffusion de gouttelettes d’eau de mer dans la cheminée et le recueillement de ces eaux usées. Dans un système de scrubber ouvert, cette eau souillée par les suies, les oxydes et les particules est rejetée en mer, donc c’est un déplacement de la pollution de l’air vers la mer… Les résidus et les suies peuvent être traités à terre, mais actuellement les filières de nettoiement n’existent pas. Les filtres à particules utilisent une autre technologie à base de bicarbonate de sodium qui est injecté dans le circuit moteur et recueilli dans des filtres. La réduction des oxydes de soufre tombe à moins de 0,1%, les particules ultrafines de 10 et 2,5 microns sont récupérées à 99%, celles de 1 micron et moins sont élmiminées à environ 50%.

Il me semble que nous ne pouvons pas mettre toutes les compagnies de ferries sur le même plan. La Méridionale investit beaucoup 11 millions et demi d’euros dans le développement durable. C’est remarquable, d’ailleurs la compagnie a obtenu le Trophée de la Charte Bleue en 2013, elle certifiée Afaq/Afnor Environnement, norme iso 14001 et des palmes du tourisme durable. Certes, la commmunication autour du thème porteur de la protection de l’environnement existe comme dans toutes les compagnies de ferries, mais les efforts constants et les investissements lourds de cette petite compagnie misant sur l’innovation et des outils technologiques et numériques précusrseurs doivent être reconnus et encouragés.

Bien cordialement

Daniel Moatti

Président de l’Anqaev

Témoignage de Guillaume Picard

Bonjour à toutes et tous .

Commandant et chef mécanicien en retraite depuis 2015 , j’ai navigué essentiellement chez SNCM , maintenant Corsica Linea et j’ai quelques idées sur la pollution des navires de commerce.

Je suis sensible à tout ce qui se voit bien sûr , fumées , particules fines etc etc ; mais surtout j’aimerais sensibiliser à ce qui ne se voit pas : les vapeurs d’hydrocarbures générées par les dégagements d’air de toutes les soutes à combustibles des navires.

En effet le fuel lourd est en permanence réchauffé à des températures diverse pour être utilisé dans les moteurs de propulsion et les groupes électrogènes , et , comme tout liquide chauffé il s’en dégage des vapeurs en grandes quantités ET directement dans l’atmosphère et donc l’air que nous respirons !!!

Je vous transmets ci dessous un petit résumé détaillant le cheminement du combustible sur les navires .

1° Le combustible HFO est embarqué dans les soutes vides à une température de 60°c environ pour faciliter son pompage , ces soutes sont en double fond du navire.

2° Il est ensuite transféré en partie dans une caisse dite de “décantation” dans laquelle il est réchauffé à 90°c , cette caisse est située dans le compartiment machine.

3°Le combustible de la “décantation” est ensuite transféré vers une caisse dite “journalière” par l’intermédiaire d’un séparateur ( centrifugeuse ) chargé d’épurer ET réchauffer ce combustible aux environs de 100 °c , donc la ou les caisses journalières sont à une température de 100°c environ.

4° Le module “préparation combustible” ( ce sont des pompes de pressurisation , de gavage et bouteilles de dégazage ) aspire dans la caisse journalière à 100°c pour élever sa température et sa pression avant injection dans le moteur aux environs de130° c.

5° Le combustible est injecté dans le ( les moteurs ) et ressort en fumées.

– Reprenons le début des opérations sur le FUEL LOURD :

1°Lors de l’avitaillement , les soutes sont vides de liquides , il n’y a que des gaz , des vapeurs de combustibles , il est donc clair que si vous avitaillez 1000 m3 de HFO vous dégazez dans l’atmosphère 1000 m3 de vapeurs hautement toxiques via les dégagements d’air ( en rouge sur le schéma ) ( le combustible remplace l’air vicié de la soute ) !!

2°Une fois embarqué , le combustible des soutes est maintenu en température ( par les chaudières et la vapeur ) à 60/70°c pour être transféré vers la ( ou les ) caisse de décantation et donc celles-ci dégazent allégrement EN PERMANENCE dans l’atmosphère via leurs dégagements d’air , en rouge sur mon schéma (en effet tout liquide chauffé produit des vapeurs ).

3°Dans la “décantation” , le combustible est séparé de son eau et réchauffé à 90°c , donc les vapeurs augmentent !

4° Dans la “journalière” , idem que ci dessus mais à 100°c !!

5° Le combustible utilisé en grande partie ressort sous forme de fumées .

– Pour ce qui est du gazole ( ou DML ) , celui ci n’est pas réchauffé mais il est de part la proximité des soutes HFO et de son parcours vers le compartiment machine à 60°c environ et dégage aussi des vapeurs de combustibles qui suivent le même parcours que les vapeurs de HFO , c’est à dire rejet SANS AUCUN TRAITEMENT dans l’atmosphère tout en haut de la cheminée .
Par expérience , pour être monté souvent en haut des cheminées , je peux vous certifier que ces vapeurs se voient à l’œil nu , que les dépôts gras en haut des cheminées attestent bien la réalité du dégazage !!!

– Autre chose : l’huile moteur ( fluide cancérigène lui aussi ! ) est elle aussi à une température de 80 / 90° c et donc les ballasts retour huile des moteurs dégazent aussi allègrement à l’air libre via le même chemin que les soutes combustibles !!

Vous noterez que nos voitures ré-aspirent les vapeurs d’huile du carter via un reniflard , il n’est en effet pas question de suivre les voitures à la trace de leurs vapeurs d’huile moteur répandues sur la chaussée !!! Pourquoi les moteurs marins ne ré-aspirent-ils pas leurs vapeurs d’huile ??? .

Espérant avoir été suffisamment clair , bonne lecture !! .

Témoignage de Jean, résidant à Toulon

J’habite au quartier du port marchand à Toulon, lieu fréquenté par de très nombreux navires qui y font escale et d’autres dont c’est le port d’attache. Le trafic y est très important.

On trouve des navires de tous types : Bateaux de plaisance, navires de liaison avec les villes avoisinantes (Saint-Mandrier, La Seyne sur Mer …), flotte d’une compagnie maritime servant de liaisons quotidiennes plusieurs fois par jour avec la Corse ainsi que les escales de très gros navires de croisière.

Je réside depuis 3 ans dans un grand immeuble situé à quelques mètres de l’entrée des navires dans le port. J’ai choisi cet immeuble en raison de son emplacement et d’une superbe vue qui s’en dégage.

Mais très vite j’ai compris que cet aspect idyllique cachait un inconvénient majeur : la pollution générée par tous ces navires qui entrent, sortent ou séjournent plus ou moins longtemps dans le port.

Outre le bruit des moteurs des gros navires, la fumée qui s’en dégage accompagnée parfois d’une insupportable odeur de soufre, oblige les riverains à maintenir les fenêtres le plus souvent fermées. Il est facile de mesurer la pollution des navires simplement en constatant la suie déposée sur le rebord des fenêtres coulissantes qui, même fermées, laissent passer la pollution. Les vitres sont grasses et leur nettoyage est une vraie corvée.

Mais le pire était à venir lorsque j’ai appris que nous inhalions également et sans le savoir car invisibles, de fines particules émises avec les fumées. Ces particules sont très dangereuses pour la santé.

Les projets qui visent à augmenter le flux maritime à Toulon alors que rien n’est réalisé pour mettre les navires à des normes anti-pollution, ne sont pas de nature à nous rassurer.