Corsica Ferries projette la commande de deux nouveaux navires

 

Nouveaux services, nouveaux navires, fin du contentieux indemnitaire avec la collectivité territoriale de Corse… le 50e anniversaire de Corsica Ferries s’accompagne d’annonces fortes et de dénouement favorable. Le prochain défi pour la compagnie sera environnemental.


Pierre Mattei, président-directeur général de Corsica Ferries © Corsica Ferries

Pierre Mattei, président-directeur général de Corsica Ferries © Corsica Ferries
Corse, Sardaigne, Elbe, Baléares, Corsica Ferries est la seule compagnie européenne à desservir toutes les grandes îles de Méditerranée occidentale. “Inspiré du transport low-cost aérien, notre modèle économique s’appuie sur une stratégie de développement dynamique autour de traversées rapides à haute fréquence. Depuis notre création en 1968, la compagnie a fait le choix de ports moins chers et plus accessibles pour proposer une offre attractive, flexible et exclusive”, présente son président et premier actionnaire depuis un an, Pierre Mattei. Misant sur la rotation optimisée de ses navires et l’innovation, dans la relation client notamment aidée par les technologies web, ce modèle démontre sa pertinence et sa rentabilité depuis cinquante ans. En 2017, Corsica Ferries déclare ainsi un résultat net de 40 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 290 millions d’euros. “Avec la remontée de soutes, la marge sera inférieure cette année”.

Défi environnemental

À l’instar des autres armements opérant en Méditerranée et susceptible de mettre à mal ce modèle économique, son principal défi est l’entrée en vigueur des nouvelles règles Marpol en Méditerranée au 1er janvier 2020. À cette date, la teneur en soufre des carburants maritimes passeront à 0,5 % maximum contre 3,5 % aujourd’hui.


Le "Pascal Lota" acquis en 2015 par Corsica Ferries pour 91,5 millions d’euros © Corsica Ferries

Le “Pascal Lota” acquis en 2015 par Corsica Ferries pour 91,5 millions d’euros © Corsica Ferries
En l’état, le recours à du fuel léger de type gasoil semble privilégié avec, pour les navires le permettant, l’aménagement possible d’épurateurs de fumée. Convaincue qu’un retrofit de motorisation au gaz naturel liquéfié n’est pas possible, en parallèle, Corsica a lancé une consultation auprès de plusieurs chantiers navals pour la construction de deux nouveaux ferries. “D’une capacité et d’une vitesse similaires au “Pascal Lota”, soit 2.200 passagers et 700 véhicules pour 27 nœuds, ces navires seront équipés des meilleures technologies pour réduire notre empreinte environnementale”, confie Pierre Mattei. Pour un investissement estimé à plus de 100 millions d’euros par unité, chacun devrait être “LNG Ready, recevoir un scrubber et un système de branchement électrique à quai”. Sans remplacement prévu de navires opérés actuellement, leur mise en service est annoncée d’ici trois ans et portera la flotte de Corsica à quinze ferries.

Desserte des Baléares

Pour soutenir sa croissance, la compagnie poursuit en parallèle une stratégie offensive de dessertes. Avec plus de 70 % de parts de marché sur la Corse dans le domaine des passagers (17 % dans le fret), ce développement passe par la densification de son réseau en Méditerranée occidentale.


“Un investissement dans la flotte de plus de 200 millions d’euros”

Après un renforcement sur la Sardaigne en 2016 et 2017, une nouvelle liaison a été lancée le 21 avril entre Toulon et Alcudia, sur l’île de Majorque dans l’archipel des Baléares. À raison de deux rotations par semaine, ce service est assuré par le “Pascal Lota”. “Nous envisageons d’étoffer cette ligne Baléares avec la desserte de Minorque”. Des tests sont prévus au cours des prochains mois pour une mise en service dès la saison estivale 2019 portant alors à vingt le nombre de lignes exploitées par la compagnie en Méditerranée occidentale.

Montant du préjudice à préciser

L’année 2018 devrait également être marquée par la fin du contentieux indemnitaire de Corsica contre la Collectivité territoriale de Corse. Le 15 février dernier, la Cour administrative d’appel de Marseille a en effet confirmé le jugement du 23 février 2017 du tribunal administratif de Bastia. Celui-ci avait condamné la CTC à verser à la compagnie le somme de 84,7 millions d’euros dans le cadre des délégations de service public entre la Corse et le Continent pour les périodes 2007-2013 et 2014-2023. Dans son arrêt, la Cour administrative d’appel de Marseille a toutefois demandé une nouvelle expertise économique et comptable pour estimer le préjudice subi par Corsica Ferries. Les conclusions de cette nouvelle estimation sont attendues dans le courant de l’été.

 

Érick Demangeon

 

Jeudi 17 Mai 2018