Accident du navire de croisière MSC Opera sur un quai de Venise, le 3 juin 2019. PHOTO : © Mirco Toniolo/ROPI-REA

Par Antoine de Ravignan

« No grandi navi ! » Les Vénitiens et les habitants des grands ports touristiques méditerranéens n’en peuvent plus de ces paquebots de croisière géants qui leur pourrissent l’air et la vie. A fortiori lorsqu’ils provoquent des accidents, comme le 2 juin dernier à Venise, où le MSC-Opera est parti à la dérive dans le canal de la Giudecca avant de percuter un navire à quai.

Concordance des temps

L’association européenne Transport & Environment (T&E) publiait le surlendemain une étude choc sur les émissions de polluants atmosphériques dont sont responsables ces usines à touristes. Selon T&E, en 2017, le géant mondial Carnival (croisières Costa, Aida, Princess…) a rejeté à lui tout seul au-dessus des eaux européennes dix fois plus d’oxydes de soufre avec 47 paquebots que les 260 millions d’automobiles circulant dans l’Union européenne.

Cette étude met en lumière la monstruosité des émissions d’oxydes de soufre (SOx), d’oxydes d’azote (NOx) et de particules fines de la marine commerciale, qui contribuent aux maladies pulmonaires et aux morts prématurées dans les zones concernées. Le fioul lourd, résidu des opérations de raffinage, très bon marché et très polluant, reste en effet le carburant quasi exclusif du transport maritime de passagers et de marchandises dans le monde entier. Face à cette atteinte au droit de vivre en bonne santé, les pouvoirs publics réagissent… trop peu (voir zoom)…